Au Pays des Potirons
! »
Tinbred sortit de son sac des mini-colliers très fins au bout desquels pendaient une petite graine bleue. Mr Ballou les prit et les installa sur les branches de l’arbre rouge. «Ceci devrait empêcher les Rats Iboisés de venir ce soir. Et avez-vous planté de l’herbe à chat ? »
« Oui ja déjà essuye l’herbe à chat mais ça mache pas. Ils revien tuchur » dit Mr Ballou avec un fort accent. Ceci aurait fait rire Merryl si la conversation n’était pas si sérieuse.
Tinbred grogna.
« Il faudra que j’en parle à notre sage… » dit Tinbred l’air sombre. «Merryl, laisse-nous pour le moment! » grogna Tinbred soudain. Reviens dans une heure. Nous avons encore beaucoup à parler Mr Ballou et moi. Ceci est un problème entre Notre Pays et lui. »
Merryl s’en alla contrariée. Cela ne semblait pas très bien parti. Tinbred ne réussirait peut être à récupérer de la poudre de confiance pour elle.
Merryl repassa par le jardin et le portillon de Madame Chrome, puis en dessous de sa barrière en bois. Elle était à peine rentrée dans la cuisine, que Pierrette se mit à aboyer méchamment en la voyant.
Elle aboie vraiment, pensa Merryl surprise. « Tu sais combien de temps cela m’a pris de temps pour coudre cette jupe exprès pour toi ? » demanda Pierrette énervée. « Et c’est ainsi que tu me remercies? »
Merryl s’excusa et se mit à inventer une histoire compliquée pour ne pas être punie et pour pouvoir à nouveau ressortir le soir même. Elle mangea son repas très vite et promit qu’elle reviendrait avant 20h. Puis le cœur battant, elle se faufila à nouveau sous la barrière de son jardin. Elle courut jusqu’au jardin de Mr Ballou.
Elle atteint l’arbre aux feuilles rouges et le chercha des yeux. Il ne faisait plus très jour et
elle ne le voyait plus.
« Où es-tu Tinbred ? » demanda Merryl inquiétée.
Pour toute réponse, elle entendit un léger aboiement. Merryl soupira de soulagement.
Tinbred était maintenant assis très haut sur une des branches du grand arbre rouge. Il grignotait son repas goulument. Elle arrivait à peine à le voir dans la lumière déclinante. Seul les bruits de grignotements et un flash de lumière lui indiquait sa présence. Le reflet de sa petite aiguille venait de rencontrer le soleil.
«Ah tu es toujours là ! » dit-elle. « Ça va ? »
«Oui, » fit Tinbred. Mais au ton de sa voix, Merryl comprit qu’il était inquiet.
«Alors? » demanda Merryl.
« Il y a au moins une chose de régler,» dit Tinbred. » J’ai de la poudre de confiance. J’ai dû beaucoup négocié.
- Oh formidable ! » s’exclama Merryl en tapant des mains.
« Oui, mais ne perdons pas une minute ! Assis-toi là. Je vais te couvrir. Ne bouge pas ! Elle va bientôt arriver ! » De sa petite patte gauche, il lui essuya le front d’une poudre verte et onctueuse.
«Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment se fait-il que Mr Ballou puisse connaitre une fée ? » demanda Merryl après avoir remercié Tinbred de lui avoir trouvé de la poudre.
« Chut, parle moins fort. Les esprits se réveillent à cette heure. C’est un enchanteur de plantes. Il connait les plantes et il sait ce que les esprits de la forêt aiment. Il échange sa médecine avec nous contre un peu de pâte à rire.
- C’est un sorcier ?
- Nous n’aimons pas ce mot mais oui, en quelque sorte.
- Tu as peur ? » demanda Merryl alors qu’il se redressa soudainement.
- Moi ? Non ! » dit-il tout bas.
Mais elle remarqua que ses oreilles frémissaient attentive à tous les bruits dans le jardin.
Alors que Merryl avait du mal à contenir son enthousiasme, Tinbred lui, continuait de scruter le jardin en grignotant nerveusement.
«Que manges-tu ? »demanda-t-elle pour le détendre.
« Notre plat favouri, Du potiron.
- Je n’ai jamais goûté du potiron. Est-ce que c’est bon ? » demanda Merryl les yeux soudain brillant de curiosité.
« Est-ce que c’est bon ? » Se surprit-il. « Bien sûr ! C’est absolument délicieux ! Il n’y a rien de meilleur au monde. En soupe, en purée, en gratin, en tarte, en tourte, en confiture...et en glace ! »
Merryl rit mais il continua imperturbable.
« Pourquoi crois-tu que j’ai fait tout ce long chemin et que je risque ma vie ici ? Les Potirons, c’est notre seul moyen de se nourrir ! Sans cela, nous ne pourrions survivre ! Les Rats Iboisés le savent ! C’est pour ça qu’ils s’empiffrent de nos potirons ! » dit-il piaffant d’énervement.
« Je n’avais pas réalisé tout ça, » dit Merryl qui enfin commençait à comprendre pourquoi Tinbred était si énervé. Elle ne savait comment elle ferait s’il n’y avait plus de pâtes ou de frites. Ce serait dur, très dur. « Et comment avez-vous fait jusqu’à présent pour les repousser? »
« Nous nous battons. Et nous avons eu des pertes ! »
Le sourire de Merryl s’effaça.
« Je suis déso… » commença-t-elle
« Oh non ! Ils arrivent ! » aboya Tinbred l’interrompant soudainement.
Chapitre 3 : A l’attaque
Merryl se retourna autant de surprise que de frayeur. A quelque mètre d’eux, sept paires d’yeux étincelant de lumière se profilaient dans le noir. Ils avançaient menaçants et sans un bruit.
« Oh non ! Les Chats Pardeurs ! » aboya Tinbred de surprise. « Ils veulent m’empêcher de parler avec la fée ! »
Dès qu’ils virent qu’ils étaient découverts, les sept chats se mirent à siffler et à cracher. Leurs oreilles étaient rabattues et ils fouettaient leurs queues violemment tout en avançant vers eux.
Merryl pâlit et se mit à reculer. Ses yeux étaient fixés sur ses attaquants d’un nouveau genre.
Les yeux des Chats Pardeurs brillaient d’une lueur mauvaise. Leurs dents semblaient plus pointues, leurs griffes plus longues, leurs corps plus gros, leurs poils plus hérissés. Elle n’avait jamais rencontré pareil chat avant. Un des Chats Pardeurs se mit à hisser plus fort que les autres. D’un seul coup, ils bondirent tous ensemble sur eux.
« Va-t-en ! » cria Tinbred terrifié.
« Pas question, » dit Merryl en reculant pourtant très vite « Je ne les laisserais pas faire ! »
Mais sa voix tremblait.
« Allez-vous en ! » leur cria-t-elle tentant de les effrayer. Mais ça ne marchait pas. Ils continuaient d’avancer imperturbables. Elle prit une pierre par terre et la jeta sur un des chats. Il bondit de côté et ce fut comme un signal : quatre chats se jetèrent en même temps sur elle.
Quand Merryl les vit arriver tous d’un coup, elle étouffa un cri de panique. Elle sauta de côté pour en éviter un, assena un coup de pied au deuxième et prit le troisième par la queue pour l’envoyer rouler sur la terrasse. Malheureusement le quatrième chat plus rapide que les autres, l’attaqua de front et lui griffa la jambe. Merryl se releva brusquement et lui lança un violent coup de pied. Elle cria et jeta un regard choqué sur sa jambe. Ce chat l'avait griffé jusqu'au sang. Le chat était parti dans le jardin en miaulant misérablement mais les autres chats revenaient déjà à l’attaque.
« C’est la guerre que vous voulez ? ! » cria Merryl en se mettant elle-même en colère. Elle jeta un œil autour d’elle, cherchant un objet pour se défendre.
« Le balai ! Là derrière ! » cria Tinbred.
Elle se jeta sur le balai juste au moment où deux chat noirs, toutes griffes dehors, lui sautaient dessus en feulant.
Avec le balai, elle fit valser un à droite l’autre à gauche.
« Attention à ta gauche ! » aboya Tinbred. Un chat avec des rayures noires et blanches essayait de se rapprocher d’elle sans se faire remarquer. Elle se retourna vivement. De toutes ses forces, elle le frappa. Il y eut un crac et un miaulement plaintif. Mais un chat roux lui, fonçait déjà droit sur elle. Tandis qu’un autre s’évertuait à monter à l’arbre pour attaquer Tinbred. Elle s’interposa entre eux et l’arbre.
« Allez-vous-en sales bêtes ! » cria Merryl. Jamais Merryl n’avait vu pareil fureur dans les yeux de ces chats.
« Laissssssse-nous le !» lui cracha finalement un énorme chat gris. « Et nous te laisssserons la vie sauvvvve ! »
- Jamais ! » cria Merryl. « Sept contre un ! C’est pas du jeu !
- Oh mais si on chamusssse, » ricana le chat gris qui venait de parler.
« Merryl, sauve-toi ! » tremblait la voix de Tinbred au-dessus d’elle.
Mais Merryl n’avait pas l’intention de partir. Cependant elle reculait et se retrouvait acculée contre l’arrière de la maison ayant pour toute arme un pauvre balai. Elle trébucha sur une des poubelles en métal.
Tous les chats ricanèrent.
« Tu es ccccccernée ! » siffla le gros chat gris. Fffffinnissssez-la! » ordonna le chat gris à deux de ses compagnons félins. Quatre yeux verts étincelaient de férocité dans le ciel rougeoyant.
Les deux chat grognèrent et sautèrent en même temps sur elle.
Elle cria et se jetant sur un des couvercles d’une poubelle, elle s’en servit comme bouclier. Les griffes grincèrent contre le métal. Il y eut un bruit sourd tandis que les deux têtes s’écrasaient contre le couvercle et ils se recroquevillèrent en piaffant de douleur.
« Bien joué ! » dit une petite voix toute proche d’elle. Tinbred s’était rapproché d’elle.
Merryl rit malgré elle.
« Tu n’es pas en sécurité avec moi ! » trembla la voix de Merryl.
Les yeux du chat gris lancèrent des éclairs.
« Tu n’es en sssssécurité nulle part ! » grinça le chat gris bruyamment. « Chartrier, Charlattan et