Charivari à vous de jouer ! »
Tinbred lui chuchotait quelque chose à l’oreille. Merryl se baissa pour ramasser un autre couvercle. Ses mains se resserrèrent sur les poignées des couvercles tandis qu’elle regardait droit devant elle. Au loin, une autre paire d’yeux lumineux avançait elle aussi à vive allure mais cette fois-ci, dans les airs. Merryl n’eut pas le temps de se demander ce qu’était cette lueur : deux chats tigrés bondirent sur elle.
« Vas-y ! » cria Tinbred.
Merryl munie maintenant de deux couvercles de poubelles se protégea. Il y eut un bruit de gong au moment où les deux têtes de chats rencontrèrent les couvercles puis elle frappa violemment les deux couvercles comme une timbale.
Cette fois, les deux chats pleurèrent et partirent à toutes allures.
« Où est Mr Ballou ? Et que signifie tout ce raffut ? » dit une petite voix autoritaire. Cette voix provenait des airs.
Merryl regarda vivement au ciel. Une petite fée aux collants orange et aux yeux verts dansait au-dessus du chaos..
"Arrah, il n’y aura plus de raffut quand j’en aurais fini avec toi! " Dit le chat gris.
"Mal appris ! Qui parle ? " La fée commanda. Elle avait du mal à savoir d’où venait la voix dans ce méli-mélo de têtes, queues, pattes et de fourrure.
Mais le chat gris ne dit rien. A la place, ses moustaches se mirent à frémir et un chat roux avec un visage touffu se lança sur elle. Elle évita ses griffes et il s’affala la tête la première.
" Ha ! Tiens, ça te servira de leçon espèce de chat poilu ! " dit la fée dans un rire. Mais elle avait à peine fini sa phrase qu’un chat noir musclé sauta sur elle.
Merryl lâcha les deux couvercles de poubelles. D'une main, elle saisit la fée. Le chat griffa sa main. Par instinct, sa main le frappa. Il dérapa sur le sol et tomba sur ses fesses.
De sa main libre, elle saisit le balai qui traînait encore sur le terrain.
" Lâche-moi! " lança la fée en colère.
"Désolée, impossible», murmura-t- Merryl tenant toujours la fée. Comme Tinbred lui avait dit, elle secoua la fée au-dessus de sa tête. Simultanément elle enjamba le balai. Une fine lumière de fée tomba sur Merryl . La fée la menaça.
Merryl la relâcha immédiatement et aussitôt Merryl s’éleva dans les airs. Elle empoigna au passage Tinbred au moment où une autre rafale de chats furieux se lançait sur eux.
«Vous feriez mieux de me dire maintenant pourquoi vous avez fait ça !" Dit la fée d’un ton sombre.
«Je suis désolé ! " dit Tinbred . «Pour l’instant, on doit vite déguerpir de là! "
La fée avait l'air très en colère. Mais Merryl n'avait pas le temps de s'inquiéter. Elle essayait de s’assoir droite sur le balai. Ses jambes dansaient dans l'air. En bas, les chats semblaient aussi danser. Ils essayaient de sauter pour les attraper.
" Comment puis-je aller plus haut ?" Demanda Merryl regardant vers le bas sur les chats .
" Pense à moi. Pense aux fées ! " cracha presque la fée .
Merryl pensa à cette lumineuse fée en colère et aussitôt elle s’éleva plus haut dans l'air. Elle donna un dernier coup de pied pour échapper aux griffes des chats.
« Sauvés ! » cria Merryl dès qu’ils furent hors de portée ! Regarde, Tinbred, on vole !
«Oui, vous volez parce que vous m’avez volé de la lumière de fée ! » dit la fée. " Elle flottait à côté d’eux, mais elle semblait toujours furieuse.
«Nous n'avions pas le choix. Ils sont arrivés de nulle part et, ils étaient sur nous en un instant", déclara penaud Tinbred.
«Mais vous savez que c'est illégal d'attraper une fée sans son consentement ! " répondit la fée.
« Oui, je sais et je suis prêt à accepter les conséquences. "
«Nous en parlerons plus tard. Pour l’instant, expliquez-moi pourquoi vous avez besoin de mon aide.
Pendant que Tinbred expliquait les derniers évènements, Merryl ne pouvait s’empêcher d’admirer le paysage défiler sous ses pieds.
Au-dessus des arbres, le soleil étincelait de ses derniers rayons orange-rouge. Les jardins semblaient minuscules et étrangement similaires, des carrés verts attachées les uns aux autres filaient sous ses yeux. Au loin elle pouvait voir l’étendue de la forêt dans l’éclat du crépuscule comme une longue vague verte et orange. Alors que sur sa droite, les toits des maisons se reflétaient comme des miroirs dans la lumière déclinante. C’était un spectacle superbe.
« J’espère qu’il n’est pas trop tard! » murmura Tindred.
Merryl n’avait pas écouté le long monologue de Tinbred mais elle espérait que la fée Idris pourrait les aider. Tinbred était si inquiet qu’il ne parlait plus.
« Ne t’inquiètes pas, ma solution devrait marcher, » dit la fée d’un ton ferme à Tinbred.
Ils longeaient maintenant la grande forêt toute droite. La fée réajusta ses mitaines orange et jaune sans gants. Merryl observait maintenant ouvertement la fée. Elle volait droite gauche, droite gauche en face de Tinbred.
Cette Fée est particulière, pensa Merryl en l’observant a la dérobée
Contrairement à l’image que Merryl se faisait des fées, celle-ci n’était pas très douce. Elle était jolie à sa manière. Elle portait une petite robe avec des collants à rayures orange et jaune et ses pieds étaient nus. De jolies tâches de rousseurs recouvraient son visage caché par une tignasse de cheveux jaune ébouriffés. Son menton était aussi pointu que ses ailes. Il n’y avait que les ailes et ses petites oreilles rondes qui lui donnaient l’air d’une fée.
La Fée Idris ne regardait personne que l’horizon devant elle. Ses yeux verts brillaient de détermination.
« Pendant que je créerais une protection pour votre Pays, je ne dois pas être dérangée dans ma concentration ! » dit la fée.
Tinbred acquiesça. Merryl acquiesça aussi mais elle ne savait pas trop pourquoi elle acquiesçait. Bientôt, ils descendirent des airs. Ils arrivèrent lentement à l’orée d’un sol multicolore. Merryl n’avait jamais vu une telle chose. Ce n’était pas un jardin mais un tapis de couleurs. Une variété de couleurs comme elle n’en avait jamais vu jonchaient la terre. Des potirons rouges vif, des jaunes en bonnet, des bleus bosselés, des oranges tout plats, des vert olives, des noirs et des tachetés en formes de poires, formaient une fabuleuse communauté de couleurs et de potirons.
C’était encore plus beau que la balade au-dessus des jardins.
« Voici mon Pays ! » dit Tinbred trépignant d’impatience.
Ils atterrirent enfin sur l’herbe et Tinbred se précipita vers un Potironet qui semblait monter la garde. Des barricades étaient positionnées tout autour du Pays de Tinbred et des petites lanternes en éclairaient les murs. Mais de toute sa hauteur, Merryl n’avait aucun mal à voir au-delà des barricades et ce qu’elle voyait n’était pas aussi joli.
De là où elle se situait, L’ensemble du Pays n’était plus aussi beau et coloré. Beaucoup de Potirons avaient été saccagées et certains avaient de large trous ouverts comme des bouches de géants. Sous les lanternes, Merryl devinait des Potironets fatigués de monter la garde.
Tinbred disparut dans un large Potiron Blanc et la fée Idris le suivit à l’intérieur. Merryl les regarda partir en se demandant ce qu’elle était censée faire maintenant.
Elle avait à peine formulé cette pensée qu’elle entendit des sifflements aigus autour d’elle. Elle entendait comme des bruits de grattement au sol mais tout ce qu’elle pouvait distinguer était de l’herbe qui, par endroit, avait l’air de bouger toute seule.
Chapitre 4 – Le dernier assaut.
« Ils arrivent ! » aboyèrent des petites voix derrière elle.
Merryl se retourna vivement. Elle sentit simultanément une douleur dans le pied et une chaleur lui frôler la manche. Elle cria de surprise et secoua son pied. Elle ne voyait rien mais elle sentit que ce quelque chose qui l’avait mordu lâchait prise. Au même moment elle vit quatre flèches en feu former un parfait arche vers ce quelque
chose. La chose transparente siffla et déguerpit.
« Merryl ! » cria la voix lointaine de Tinbred, « Nous sommes attaqués par les Rats Iboisés !»
« Mais je ne vois rien ! » dit Merryl.
Deux nouvelles flèches apparurent dans les airs mais cette fois, les flèches restèrent plantées sur leurs objectifs devenues lumineuses et sifflantes. Pour la première fois, Merryl pouvait deviner ses attaquants. Ce n’étaient pas des rats mais des mini-monstres. Ils avaient de grosses têtes avec des incisives puissantes et quand ils ouvrirent leur gueules, une lueur orange apparut au fonds de leurs entrailles. Merryl frémit de frayeur. Elle n’avait jamais vu pareil rat.
Ces deux Rats Iboisés-là s’éloignèrent en couinant mais d’autres arrivaient et munis de leurs fortes pattes postérieures et de leurs solides griffes, ils s’étaient mis à creuser le sol.
Malgré son dégout et sa peur, elle prit plusieurs cailloux par terre et les lança sur eux. Ils couinèrent et se roulèrent sur eux-mêmes pour éteindre les flammes. Ils disparurent bientôt sous les yeux de Merryl.
Entre-temps une dizaine de Potironets continuaient de lancer des flèches pendant que d’autres récoltaient des pierres au sol pour les donner à Merryl. Merryl remerciait puis lançait les pierres, remerciait puis lançait.
Elle était tellement plongée dans cette tâche qu’elle ne remarqua pas tout de suite une colonie de champignons minuscules alignés se formant autour des barricades.
« Où est la Fée Idris ? » demanda Merryl