Rien.
Je m’humecte les lèvres.
Toujours rien.
J’ouvre les yeux.
Il est en face de moi. Mais il a reculé.
— Je ne peux pas. J’en ai envie, mais j’ai peur de tout gâcher entre nous.
Vas-y, Tracey, embrasse-le. Tu mets tes mains autour de son cou, tu approches tes lèvres des siennes et…
Je sais, je n’ai peur de rien…
Ce baiser n’a rien à voir avec le premier. Mon cœur bat la chamade, je vibre de tout mon corps, un vrai baiser de cinéma. Quand nous nous séparons, je cligne des yeux. J’espère qu’il n’est pas dégoûté. Zut, après tout, marre de ces doutes et ces questions. Il n’a pas l’air dégoûté, mais plutôt inquiet.
— Ça va ? demande-t-il.
— Oui, dis-je avec un sourire, très bien.
Il a l’air soulagé.
— Moi aussi. J’avais peur que cela ne détruise notre amitié, mais j’en avais très envie.
— Pas de risque. D’accord ?
— D’accord.
Je cherche des fossettes sur son visage avant de me souvenir qu’il n’est pas Jack. Silencieux, nous restons l’un à côté de l’autre en balançant nos jambes.
— Une autre partie de billard ? me demande-t-il.
— Pourquoi pas ? Et toi ?
— Pourquoi pas ? Une autre bière ?
— Tout à l’heure.
— D’accord.
Assis, nous respectons quelques minutes de silence avant que Buckley n’intervienne.
— Et maintenant, on fait quoi ?
— Comment ?
— Oui, on fait quoi ?
— Je n’en sais rien, dis-je, en me demandant s’il fait allusion aux cinq prochaines minutes ou à la suite de notre relation.
— On devrait peut-être sortir ensemble officiellement un soir ?
— C'est une bonne idée.
— On fera quoi ?
— On pourrait aller voir Chorus Line.
— Malheureusement, je crois que ça fait un bout de temps que ce n’est plus à l’affiche.
— Alors tu pourrais m’accompagner au spectacle de Noël du Radio City Music Hall. J’ai deux invitations pour vendredi soir.
Je sais que j’ai déjà proposé à Jack de m’accompagner, mais après le fiasco de l’autre jour, je m’attends à ce qu’il me dise qu’il a été retenu à Atlanta vendredi soir. Et peut-être même tout le week-end, histoire de ne pas risquer de tomber sur moi.
— J’ai très envie de t’accompagner, je n’ai pas vu ce spectacle depuis mon enfance.
— Et moi, je ne l’ai jamais vu.
Nous nous sourions. J’ai vraiment envie d’y aller avec lui. Vraiment. J’ai juste un petit pincement au cœur en repensant à Jack et à cette fameuse surprise qu’il m’avait promise. Je ne saurai jamais ce qu’il avait préparé, je ne saurai jamais non plus si cela aurait pu marcher entre nous si je n’avais pas fait cette énorme bêtise. Attention, je ne veux pas dire que je n’ai pas aimé embrasser Buckley. C'était très doux. Mais j’adore aussi les baisers de Jack. Et avec lui, c’est plus — comment dire ? — plus mystérieux, moins familier. Buckley et moi avons partagé tant de choses qu’il y a peu de surprises entre nous. Je connais ses plats préférés, ses auteurs préférés, ses goûts, ses bêtes noires. Ses défauts, ses manies, ses rêves. Et lui me connaît tout aussi bien. En fait, je crois que la seule chose que j’ignore, c’est si c’est un bon coup. Ce n’est pourtant pas faute d’y avoir souvent pensé ! Et ce n’est pas faute d’en avoir très envie ! Mais pas tout de suite, pas ce soir. Avec le bol que j’ai, je risquerais de tout gâcher.
— On devrait aller se coucher, dis-je soudain à Buckley.
Il sursaute.
— Ah ?
— Ne vois aucune allusion au fait que nous nous soyons embrassés.
— Mais Tracey, c’est toi qui m’as embrassé !
— Quelle importance ? En tout cas, ça n’a aucun rapport, je suis crevée, il est tard, on a du boulot demain, et si nous faisons une autre partie de billard, et que nous buvons une autre bière…
— Et un autre baiser.
— Hmm… Qui sait ce qui va se passer ? Nous pourrions le regretter tous les deux demain matin.
— Ou peut-être pas.
— C'est vrai, mais je suis trop crevée pour réfléchir davantage. D’accord ?
— D’accord.
— Tu es sûr ?
— Oui.
Et je sais que c’est vrai. C'est très reposant d’être avec quelqu’un dont vous connaissez les réactions.
Nous marchons vers Broadway, je souffre le martyre avec ces nouvelles chaussures, je donnerais tout pour un pansement sur chaque orteil. Ça me fait penser à Jack qui m’en avait proposé un l’autre jour quand j’ai glissé par terre chez lui en sortant de la salle de bains. Je crois que c’est finalement beaucoup mieux si c’est fini entre Jack et moi. Comme ça, je ne risquerai plus de tomber sur Mike en slip kangourou et peut-être qu’avec le temps, l’image s’estompera pour disparaître à jamais.
— Ça va ? demande Buckley.
— Très bien, j’ai beaucoup aimé ce baiser, dis-je très vite.
— Je ne pensais pas à ça, tu as l’air de boiter.
— Ce sont mes chaussures qui me font souffrir.
Il passe son bras sur mes épaules, ce qui ne m’aide absolument pas à marcher et qui n’a aucun effet sur la douleur, mais c’est un geste que j’apprécie. Les rues sont trempées mais il ne pleut plus. On dirait qu’il fait un peu moins froid, la brume s’est levée. L'atmosphère devient féerique avec toutes ces petites lumières de Noël qui brillent aux fenêtres et ces poinsettias qui décorent les maisons.
Eh oui, c’est Noël ! Je repense à Jack, à nous deux au pied du sapin devant le Rockefeller Center, enlacés sous les flocons…
Buckley arrête un taxi, me tient la porte et m’aide à m’installer à l’intérieur. Il a toujours eu ce genre d’attention, mais cette fois, j’y vois comme un geste de protection, comme son bras sur mes épaules ou le fait qu’il me tient par la main. Il serait un petit copain très doux et très attentif.
— Bonne nuit, Tracey, dit-il en se penchant et en déposant un baiser sur mon front.
Il referme la porte, je lui souris. Le taxi démarre. J’essaie de saisir la ceinture de sécurité. Beurk, elle est poisseuse. Pourquoi est-ce que tout est sale à New York ? Je l’attache quand même et j’essuie mes mains à mon jean. Je me retourne pour faire un petit signe à Buckley, mais il a disparu.
Je souris intérieurement, j’ai fini par l’avoir, mon baiser ! Waouh ! Oui, d’accord, c’est moi qui l’ai embrassé, mais Waouh quand même ! Et je suis sûre que ça se reproduira si j’en ai envie ! Et je pense que ce jour n’est pas si lointain, puisque nous nous voyons vendredi soir.
C'est compliqué quand même tout ça, vous ne trouvez pas ? Et fatigant aussi. Je pose ma tête en arrière sur le siège du taxi qui a dû recevoir des dizaines de têtes plus pouilleuses les unes que les autres ce soir ! Je ferme les yeux en tentant de retrouver la sensation délicieuse des lèvres de Buckley sur les miennes. Puis je bâille à m’en décrocher la mâchoire. Dans cinq minutes, je serai dans mon lit. Seule. Et pour une fois, contente de l’être ! Ça fait six mois que je fantasme sur Buckley, imaginant ce que ça me ferait d’être sa petite amie. Maintenant que c’est presque le cas, je me dis qu’il ne faut jamais précipiter les choses. Après tout, je ne le connais que depuis le mois de juin. Il n’y a aucune urgence, pas de séparation en vue, à part la période de Noël que je passerai dans ma famille. Ça me donne tout juste le temps de réfléchir et de voir venir.
Jack a téléphoné.
Mon Dieu !
Il m’a laissé un message.
Oh, mon Dieu !
« Salut, Tracey, c’est Jack. J’espère que tu vas mieux. Appelle-moi si tu veux. Je suis chez moi. Nous sommes dimanche. Tu es peut-être sortie, ou alors encore… malade. Guéris vite. Bye. »
Je suis tétanis?
?e devant le répondeur qui efface automatiquement le message que je viens d’écouter.
Il a l'air tellement normal et sincère, pas du tout comme quelqu’un qui voudrait se débarrasser d’une petite amie encombrante. Et si je m’étais complètement trompée au sujet de sa réaction de l’autre jour ? Et s’il avait toujours envie de sortir avec moi ? Mais alors, Buckley ? Pourquoi m’a-t-il embrassée ce soir, justement ?
Je te ferais remarquer que c’est toi qui l’as embrassé !
Tais-toi, plus un mot là-dessus !
C'est lui qui a commencé, non ? Bon d’accord, j’ai fini le boulot, mais quand même ! J’ai pris le taureau par les cornes. Par les cornes ou par les… Tiens, est-ce que les taureaux ont des cornes ? Le reste, c’est sûr, mais les cornes, je n’en sais rien. En tout cas, moi, j’en ai… Pas des cornes, non, je veux dire que j’ai eu le cran de l’embrasser. Et maintenant, nous sortons ensemble. Nous avons même rendez-vous vendredi soir pour aller voir les Rockettes. Le problème, c’est que si Jack n’est finalement pas aussi traumatisé que je le croyais et qu’il rentre d’Atlanta comme prévu pour venir au spectacle avec moi, je vais me retrouver avec deux cavaliers ! Si j’étais l’héroïne d’un feuilleton télévisé, j’achèterais deux autres billets, et je leur donnerais rendez-vous à deux entrées différentes. Et je passerais ma soirée à courir de l’un à l’autre en leur faisant croire que je vais aux toilettes et entre-temps j’irais fumer une cigarette et…
Je me demande si ça marcherait ?
De toute façon, je ne suis pas une héroïne de feuilleton. Je suis dans la vraie vie et je suis en train de fiche en l’air ma vie amoureuse. Pourquoi ai-je invité Buckley vendredi soir ? Et pourquoi ai-je invité Jack ? Tout ça à cause de ce fichu flocon qui m’a offert ces billets. C'est sa faute et celle de Will. De toute façon, tout ce qui cloche dans ma vie est à cause de lui.
Je regarde fixement le téléphone. Je devrais rappeler Jack mais je ne le ferai pas. Je suis trop crevée pour avoir les idées claires. Je m’effondre littéralement sur mon lit, je vais sans doute rêver de Buckley ou de Jack ou pire, des deux !
Pas du tout.
Je rêve que je joue Chorus Line dans une version nue. Il y a Will, la salle est pleine. Le seul problème, c’est que lorsque j’entre en scène, nue comme un ver, tous les autres acteurs et danseurs, Will compris, sont habillés.
Je reste plantée devant tout le monde au milieu de la scène, en tenue d’Eve, avec seulement un chapeau sur la tête. Et dans mon rêve, je me demande pourquoi je n’ai pas tiré les leçons de mon précédent spectacle Hello Dolly, dans lequel j’ai connu la même mésaventure.
Je voudrais savoir pourquoi je n’arrive jamais à tirer des leçons des mésaventures de ma vie.
14
Lorsque je me réveille, lundi matin, je suis persuadée que j’ai rêvé le message de Jack. Evidemment, impossible de vérifier puisque mon répondeur efface tout automatiquement. J’aurais dû conserver son message, j’aurais eu la preuve qu’il m’a appelée et j’aurais pu le rappeler sans avoir l’air idiot. Mais s’il m’a réellement téléphoné et que je ne le rappelle pas, j’aurai l’air d’une garce.
J’espère qu’il va rappeler.
Oui, mais s’il ne le fait pas ?
Nous nous croiserons peut-être dans une trentaine d’années dans une réunion de retraités et nous tomberons dans les bras l’un de l’autre comme dans ces histoires de vétérans de la deuxième guerre mondiale qui ont renoncé à leur premier amour parce que la fameuse lettre où ils disaient leur passion n’est jamais arrivée… Chacun s’est marié de son côté et a eu des enfants…
Vous n’avez jamais entendu ce genre d’histoire ? Ça arrive tout le temps, croyez-moi ! Et c’est ce qui pourrait nous arriver, à Jack et à moi, tout simplement parce que j’ai cru que son coup de fil était un rêve. J’arrive en boitant à mon bureau. Mes ampoules me font souffrir terriblement et mes pansements se décollent. Je suis quasiment certaine de trouver un cadeau de mon flocon, mais heureusement, il n’y a rien. Le poinsettia est toujours là, un peu avachi, il a besoin d’eau ou de lumière. Je devrais peut-être le rapporter à la maison, car il n’y a aucune fenêtre ici. Je le soulève et une multitude de feuilles séchées rouges et blanches tombent autour de moi. Oups. Je le repose. D’autres feuilles tombent encore. Il est en train de mourir d’une mort lente. Quelle déprime !
Je vérifie mon répondeur, espérant trouver un message de Jack. Rien. Pareil pour mes e-mails. Qui a parlé de déprime ? Je suis sûre d’avoir rêvé son appel. Je fais défiler un long et ennuyeux message de Kate à propos de son long et ennuyeux week-end avec Bill. Elle veut savoir si je suis libre aujourd’hui pour le déjeuner, elle doit faire un saut chez Saks, tout près de mon bureau. Je lui donne rendez-vous chez Sephora, qui est aussi dans le coin. Je dépenserai le bon d’achat offert par mon flocon.
Je tombe sur un e-mail de ma belle-sœur Sara qui m’adresse une lettre porte-bonheur, vous savez, ces trucs qu’on doit renvoyer pour ne pas briser la chaîne. Elle est trop superstitieuse pour effacer ce genre de chose quand elle en reçoit. Celle-ci prétend que si vous l’envoyez, une chose extraordinaire va se produire dans votre vie dans moins de sept jours. Sinon, vous risquez de vivre une tragédie. La lettre parle de ceux qui ont gagné à la loterie ou qui ont été miraculeusement guéris d’un cancer, alors que ceux qui n’y ont pas répondu ont été écrasés par un bus, entre autres exemples.
D’habitude, j’efface ce genre de message, mais cette fois, sans doute à cause de mes gènes siciliens, je l’adresse à Kate, Raphaël et Buckley. On ne sait jamais. Je m’apprête à me lever lorsque je m’aperçois que je viens de recevoir un message. Je clique. Il vient de Jack ! Dingue, non ? Je ne crois pas à l’effet immédiat de cette lettre, mais quand même…
Je ferme les yeux, compte jusqu’à trois, rouvre les yeux. La lettre est toujours là. Signée « Jack Candell, Blaire Barnett ». Je regarde la date et l’heure, il l’a envoyée il y a une minute.
« Bonjour, Tracey ! J’espère que tu te sens mieux. Si tu es en train de lire ce message, c’est que tu es guérie. Je t’appelle.
Jack. »
— Salut, boss, qu’y a-t-il de si drôle ?
Je lève les yeux pour découvrir Mike debout près de moi. Il me dévisage. Je me rends compte que je suis en train de sourire bêtement. Je suis tellement heureuse que j’oublie complètement la scène de l’autre jour qui m’avait tant embarrassée.
— Oh, ce n’est rien, juste une blague marrante que ma belle-sœur m’envoie.
— Raconte, dit-il en se régalant d’avance.
— Oups, désolée, je viens de l’effacer. Tu as passé un bon week-end ?
— Dianne et moi sommes allés skier dans le Vermont. Je suis navré que tu aies été malade samedi soir, Jack était hyperdéçu, il avait tout préparé.
— Ah, bon ?
Je me demande bien ce que c’était que cette surprise.
— Et comme il ne voulait pas tout jeter à la poubelle…
Jeter à la poubelle ?
— Il a quand même tout préparé et nous l’a fait hier soir. C'était génial.
— Tout préparé, quoi ?
— Le repas qu’il avait prévu pour toi. De la cuisine française. Je suis incapable de prononcer les noms des plats, mais c’était délicieux.
— Il voulait cuisiner pour moi ?
— Tu ne le savais pas ?
— Non.
Alors, c’était ça, la surprise ? Oh, mon Dieu ! C'est tellement adorable ! Jamais un mec n’a cuisiné pour moi ! Sauf Will, mais lui n’utilise que des produits hypocaloriques, si bien que j’ai toujours considéré ça comme une insulte plutôt que comme un cadeau. Je suis sûre que Jack n’utilise que du vrai beurre et de la crème épaisse.
— Je ne savais pas qu’il cuisinait.
— Mais je croyais que…
— Il m’avait seulement dit qu’il voulait me faire une surprise.
— Zut ! Alors j’ai tout gâché. Tu ne lui dis rien, promis ?
— Promis. Je n’arrive pas à croire qu’il s’y connaît en cuisine.
— Tu sais, Tracey, il m’a avoué un jour que son rêve était de devenir un grand chef, mais son père ne voulait pas. Il lui a dit qu’il gagnerait davantage d’argent dans la pub, comme lui. Voilà pourquoi il est là.
— Le père de Jack est riche ?
— Oh, oui ! Il y a vingt ou trente ans, il était le patron d’une très grosse agence de pub. Il a gagné une fortune immense, puis il a vendu sa boîte en faisant un très gros bénéfice. Il est parti à la retraite encore très jeune. C'est un vrai salaud.
— Pourquoi ?
— Il a forcé Jack à bosser dans la pub en refusant de lui payer une école de cuisine. Quand Jack a obtenu les diplômes que son père exigeait, celui-ci a mis la barre encore plus haut en refusant de l’introduire auprès de ses anciennes connaissances pour l’aider à trouver un job. La raison, disait-il, est que lui-même s’était débrouillé tout seul et que Jack devait faire comme lui. Alors, je ne te dis pas sa déception quand il a été engagé au département média !
— Pourquoi ? Parce que ce n’est pas très bien payé et que ce n’est pas assez glamour pour lui ?
Mike acquiesce en silence et poursuit.
— Ne dis pas à Jack que je t’ai raconté tout ça et surtout pas ce que je pense de son père. Tu le verras bien toi-même quand tu feras sa connaissance. Et je ne parle pas de sa mère qui est une vraie snob.
Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un frisson d’excitation à l’idée que Mike pense que Jack va me présenter à ses parents.
— Je ne savais pas qu’il venait d’un milieu privilégié, dis-je à Mike.
Ça ne change rien à l’opinion que j’ai de lui. Il m’a plu tel qu’il était, quand je le croyais sans le sou, comme moi, vivant dans un petit appartement et travaillant au département médias. Mike interrompt mes réflexions.
— Venant d’un tel milieu, on a du mal à croire qu’il vit à Brooklyn avec moi. Du reste, j’aurais mieux fait de me taire, il n’aurait peut-être pas voulu que je te raconte tout ça.
— Ne t’inquiète pas, je ne dirai rien. Je sais déjà que ses parents vivent à Bedford, que ses cousins habitent à Scarsdale et qu’ils sont snobs et coincés.